La médiumnité est la capacité à communiquer avec l’au-delà. Cette phrase résonne pour certains comme une provocation, une idiotie ou encore une évidence. Si nous admettions, ne serait-ce que pour le temps de cet article, que la communication avec les esprits ou les morts est une réalité, pourquoi la médiumnité ne serait-elle pas infaillible ? En effet, si aujourd’hui la médiumnité ne fait pas l’unanimité quant à sa véracité, c’est non seulement par le fait qu’elle est inexplicable par la science mais surtout parce qu’elle n’est pas fiable à chaque instant et en toute circonstance.

La fausse médiumnité

La médiumnité est souvent considérée comme une pratique frauduleuse et reste un sujet de discussion quelque peu tabou. Il y a en effet plusieurs raisons de croire que la médiumnité n’est simplement qu’une fantaisie de l’esprit des naïfs (puisque le matérialisme est le courant actuel dominant) et l’œuvre de soit-disant médiums peu scrupuleux.

Lors d’une séance avec un médium, la première technique de fausse médiumnité consiste en la lecture à froid de la personne étant venue consulter. Il s’agit simplement de récupérer des informations au travers de l’aspect général ou du comportement de la personne (e.g. la manière de parler, les vêtements) et de ses réactions à la suite de questions ou d’énoncés imprécis. Cette pratique peut être utilisée par toute personne cherchant à soutirer des informations que cela soit dans un but malhonnête ou non.

Cependant, il est important également d’avoir conscience que tout le monde a la capacité de récolter des informations de ses interlocuteurs avec un peu d’attention et d’entraînement. En réalité, le cerveau humain est naturellement conçu pour l’interprétation de divers signaux tant visuels qu’auditifs et est un expert du décodage des expressions faciales. Il se peut donc qu’un médium, même bien intentionné, fasse usage des informations reçue par « lecture froide » involontairement.

En dehors de cette technique, un faux médium a bien entendu la possibilité d’enquêter sur internet pour obtenir une multitude d’informations au sujet de la personne souhaitant une séance.

Crédit illustration – Kelly Moullet

Un humain pas une machine

Afin d’explorer un peu plus la question de la médiumnité, nous devons faire la supposition initiale qu’il existe de vrais médiums qui sont capables des donner des renseignements au sujet de personnes décédées (esprits) qu’ils n’avaient à priori aucun moyen de connaître.

Avec notre hypothèse que le médium est capable d’obtenir des informations de manière non ordinaire, il est légitime de se demander pourquoi le médium n’est pas capable de fournir des renseignements absolument exactes et fiables et de répondre à toutes les questions qui lui sont posées. En effet, le médium, même s’il est doué et expérimenté, se trompera toujours sur quelques éléments et n’aura jamais toutes les réponses, bien au contraire. Si la médiumnité est une réalité, pourquoi est-elle si inexacte ?

D’abord, il est intéressant de connaître la façon dont les médiums perçoivent les informations reçues du monde de l’esprit. Nous pouvons différencier les ressentis des médiums entre les perceptions objectives et les perceptions subjectives.

Les perceptions objectives sont (apparemment) le fruit de nos cinq sens et ressemblent en tout point aux perceptions ordinaires (e.g. sons, goûts, odeurs). Le médium pourra ainsi objectivement voir la personne décédée ou encore l’entendre.

Ensuite, il y a les perceptions subjectives qui elles s’apparentent plus à la mentalisation d’une perception objective. Si vous fermez les yeux et visualisez une pomme, l’image mentale que vous avez de la pomme ressemblera aux perceptions visuelles subjectives des médiums. Mais il est important d’ajouter que les perceptions des médiums, objectives ou subjectives, sont parfois uniquement symboliques et requièrent une traduction de la part du médium. Par exemple, si le médium voit mentalement une feuille d’érable, cela peut vouloir indiquer un lien avec le Canada mais tout dépendra de la signification symbolique que le médium associe avec l’image mentale reçue. La médiumnité devient alors un art à part entière.

Ayant connaissance de ces divers types de perception, il est aisé de comprendre que le médium ne peut se trouver dans l’exactitude la plus parfaite lorsqu’il communiquera les informations reçues. Un certain pourcentage de ses affirmations seront inévitablement erroné ou imprécis.

Une science subjective

Nous avons vu dans un précédent article que le cerveau était un maître de l’interprétation. Il est, entre autres, capable d’inventer des informations par soucis de cohérence et de manière à ce que nos différents ressentis aient du sens. Ainsi, le cerveau du médium ne fonctionne pas différemment. L’« interprète » de son cerveau, comme décrit par Gazzaniga [b21], se permettra de rendre une histoire plausible en extrapolant à partir des informations disponibles. Comme il est situé dans l’hémisphère gauche du cerveau, l’interprète a un penchant « conformiste » et tendra à donner le sens le plus plausible mais pas forcément le sens le plus correct aux informations reçues. Le médium peut ainsi se tromper s’il laisse son « interprète » prendre trop le contrôle de ses paroles.

Pour être au plus juste, le médium devra donc se laisser aller un maximum à la spontanéité et faire confiance à ses ressentis initiaux (même s’ils paraissent étranges). C’est pour cela qu’il est conseillé aux médiums de pratiquer la méditation car une grande connaissance et maîtrise de soi contribue à une plus grande qualité de communication.

Il faut cependant admettre que les recherches « sérieuses » étudiant les médiums sont rares et que celles utilisant les techniques d’imagerie modernes le sont encore plus. Il y a bien entendu des hypothèses à propos des aires du cerveau à l’œuvre lors du travail du médium mais tout reste à être testé . Par exemple, on soupçonne que les informations reçues par le médium passeraient par le cerveau droit ce qui expliquerait, entre autres, la difficulté que rencontre le médium pour indiquer des noms, prénoms, dates ou adresses exactes [d4]. Les études sur la méditations ont également commencé très timidement et il va de même pour tous les phénomènes considérés comme « bizarres » ou « dérangeants».

« Il faut passer par beaucoup de choses pour se connaître. Et encore ! Chaque expérience vous amène à une nouvelle frontière de vous-mêmes. Par-delà la barrière, qui sait ce qu’on trouvera. » Jean Éthier-Blais

Loin du cerveau proche de l’esprit

Commençons ce paragraphe avec une anecdote partagée par la médium Carolyne Nicolet.

Elle accueillit un jour une personne pour un séance de médiumnité dans son centre. Durant leur entretien, Carolyne eut la perception d’un ami décédé et put communiquer avec lui. Après avoir donné assez de détails pour confirmer l’identité de l’ami décédé, elle vit alors un tableau dans la maison de cet ami en Grèce, qui se trouvait derrière la porte d’une chambre. La personne étant venue consulter Carolyne avait connaissance de la maison mais pas du tableau. Carolyne continua en expliquant que le tableau représentait le village natal de son ami et qu’il désirait que celui-ci lui soit offert. Carolyne indiqua qu’il n’était cependant pas nécessaire de prendre contact avec la famille du défunt à propos de ce tableau et qu’il fallait simplement « laisser faire les choses ». Trois semaines après la séance, cette personne reprit contact avec Carolyne et lui annonça qu’elle reçut ledit tableau de la famille du défunt.

Ceci n’est qu’un exemple parmi des milliers de témoignages disponibles dans la littérature à travers les âges et les géographies. Si nous continuons avec notre hypothèse que la médiumnité est une capacité réelle, la question de la provenance de ces informations s’impose à nous. Comment les médiums obtiennent-ils donc leurs renseignements? Plusieurs scénarios sont possibles :

  1. le médium est entré en télépathie avec la personne étant venue pour une consultation et capte des informations de sa mémoire à propos d’un défunt.
  2. le médium a effectivement établi un contact avec une personne décédée
  3. le médium a accès à une sorte de « banque de données », une source universelle d’informations.

Bien entendu, différentes variantes de ces scénarios sont également envisageables mais le but n’est pas ici d’en établir une liste exhaustive. Dans tous les cas, l’esprit du médium ne semble pas se tenir aux limites matérielles du cerveau.

Nous l’avons vu également dans un autre article, d’autres phénomènes pointent également dans cette direction. Nicolas Fraisse montre, par exemple, non seulement son aptitude de vision à distance mais aussi ses aptitudes de télépathie [b1]. Les enfants en bas âge font également le récit d’expériences extraordinaires comme le souvenir d’avoir vécu une autre vie ou encore voient objectivement des personnes décédées [b9][b22]. Mais nous pourrions encore parler des rêves prémonitoires et de bien d’autres phénomènes encore.

Le cerveau – juste un médium ?

La conscience humaine semble donc pouvoir défier les limites de l’espace et du temps, ayant accès à des informations du passé, du futur et d’autres lieux. Dans ce contexte, la médiumnité paraît être juste une simple propriété de la conscience, naturelle et, en théorie, prête à être développée par chacun.

Nous pourrions nous représenter le cerveau comme une sorte d’antenne, de point d’attache d’une conscience plus vaste, capable de naviguer dans d’autres contrées de la réalité. Ainsi, nous pourrions concevoir notre cerveau comme étant « une limitation » de la conscience qui la restreint dans ses aptitudes naturelles, à l’image d’un moteur de voiture qui a été bridé. Les médiums n’auraient donc accès qu’à des bribes d’informations imparfaites, filtrées et entravées par le cerveau humain.

C’est ainsi que la médiumnité est une science inexacte.


Lectures pour aller un peu plus loin :

Si le thème de la médiumnité vous intéresse, il existe de nombreuses lectures pour approfondir le sujet. Une petite sélection se trouve dans les références mais si vous cherchez quelque chose de particulier vous pouvez également me contacter.